Symbolique du serpent : la transmutation

Le Serpent, qui vient du latin serpens (« animal qui traîne ») et du verbe serpere (« ramper » ; « se traîner par terre »), est affublé d’une mauvaise réputation, dite maléfique et effrayante. Or, par sa capacité à muer, à « changer de peau », il peut nous proposer d’autres chemins de compréhension qui se veulent tour à tour inspirant et métamorphosant. Sa signification symbolique serait alors liée à la renaissance, à la transformation.

Dans le règne animalier, le serpent est de la classe des reptiles (du latin reptile « rampant »), animal terrestre à température variable (ectotherme), au corps souvent allongé et recouvert d’écailles et dont le corps, pattes ou pas, est proche du sol. Sa démarche est une « reptation » et c’est ainsi qu’il se déplace.

"Où sont les hommes? reprit le Petit Prince, on est un peu seul dans le désert. "On est seul aussi chez les hommes, lui répondit le serpent.

Le serpent : un symbole chthonien

Le Serpent est un animal tellurique dit de « l’ombre », il est relié au monde souterrain ou aux enfers par opposition au monde céleste.

Par sa singularité de perdre son ancienne peau laissant place à une nouvelle, le serpent est synonyme de changement, de transmutation. Il symbolise le cycle de la vie, mort, renaissance, vie ; incarnée par l’Ouroboros, le célèbre serpent qui se mort la queue. Il parle alors de l’éternité de la création, l’aspect cyclique de l’univers et de l’immortalité.

On peut le comparer au symbole du Yin / Yang, le taijitu chinois.

Le serpent est un animal rampant, d’où sa proximité avec la terre, il peut alors symboliser le cordon ombilical qui relie tous les humains à la Terre-Mère – Gaïa -.

Il est l’allégorie de la « Force de vie » animant toute vie. Sa fonction est de relier deux forces opposées : le bien et le mal, la lune et le soleil, l’eau et le feu, l’animal est l’incarnation de la dualité et de la recherche d’équilibre.

Lorsqu’il est enroulé sur lui-même,il dessine une spirale sacrée de la croissance et de la guérison spirituelle.

Le serpent : un guide spirituel en Inde

Pour les Indiens, quand le serpent apparaît dans notre vie, c’est un signe puissant de changement d’orientation pour nous. C’est une invitation à abandonner le passé et se concentrer sur le présent. Dans l’idée de « changer de peau », c’est le conseil de laisser les anciennes perceptions devenues obsolètes. C’est l’annonce d’une ouverture spirituelle, le serpent nous accompagne sur notre chemin et nous insuffle de nouvelles aspirations.

C’est le temps de se nettoyer des illusions, de croyances malsaines, d’attentes irréalisables, quelles soient physiques, psychiques ou spirituelles. Le Kundalini est l’expression de cette crise spirituelle.

Le Kundalini est la figure allégorique du « Serpent de feu », symbole sacré et ancestral de la force primordiale. Kundalini, porteur de lumière, synonyme de « se lover » ; « s’enrouler », annonce un bouleversement profond de la vie personnelle ayant pour injonction de « lâcher son ancienne peau » et faire « peau neuve ». C’est l’expérience de capacités intuitives et psychiques inconnues, la possibilité d’élever et de délivrer le serpent interne. L’humain se transforme en un Être qui se divinise. Cette crise permet d’éveiller « la divinité en Soi ».

En Inde, le serpent bénéficie d’une grande vénération et joue un rôle clef par exemple dans la pratique du janaïsme ou du dharma jaïn, il est sollicité pour atteindre l’illumination qui libère l’âme et ouvre la porte du Nirvana. Le serpent a alors une place majeure dans le panthéon de la mythologie indienne, une place qui est particulièrement liée à sa faculté de muer, en analogie avec les cycles des réincarnations, les samsara. On retrouve plusieurs types de serpent :

  • Ananta, qui veut dire sans fin, sans limite, éternel et infini, il représente le serpent cosmique, c’est le serpent sur lequel repose Vishnou. 
  • Kaliya, le serpent toxique et vénéneux vaincu par Krishna (avatar de Vishnou) dans le 10ème chant du Bhagavata Purana. 
  • Naga, être mythique, mi-humain, mi-serpent. Son univers est aquatique, il est le génie des eaux, habitant les sources et rivières, il protège trésors et biens, il apporte la prospérité. Il est vénéré par les Aryens, peuple indo-iranien (la racine arya veut dire « noble », dans la période védique les Aryens étaient la classe noble)

Le serpent : l'enseignant mystique des Celtes

Le peuple celte, de culture chamanique et mystique, considère le serpent comme le messager d’un voyage gracieux, de guérison transformatrice, d’une connexion profonde avec le monde souterrain ainsi qu’avec les cieux.

Vecteur de choix pour le voyage astral et les transes, si l’on souhaite faire une expérience en dehors de son corps, le serpent est un puissant allié, guidant vers d’autres mondes sans que, pour cela l’esprit s’égare. On peut invoquer le pouvoir de l’esprit du serpent afin de devenir « sage ».

En effet, le serpent est un ancien symbole de sagesse et de croissance qui aide à repousser les limites de votre connaissance. Le serpent est un parfait enseignant pour initier aux choses ésotériques.

Il faut néanmoins rester très vigilant, très ancré, quand on demande de l’aide aux énergies du serpent, car celui-ci provoque de grands chamboulements dans la vie, secouant l’être dans des émotions bouleversantes et inédites, des défis insoupçonnés mettant à mal le confort physique et psychique. Il faut bien s’accrocher, car l’on risque de ne pas perdre uniquement « sa peau » mais aussi ses pieds. Une fois l’orage passé, on peut se gratifier et voir s’ouvrir un nouvel horizon de « tous les possibles ».

Le serpent enseigne comment être en harmonie avec la nature et surtout avec le rythme des saisons.

Il serait le précurseur du pouvoir féminin (polarité avec la terre) mais il aussi est associé au pouvoir masculin (forme phallique du serpent), signifiant l’équilibre féminin / masculin. Cette union donne naissance à une troisième énergie, le nombre 3 étant sacré pour les celtes, les symboles comme le triskele ou le triquetre sont triples.

Le dieu cornu Cernunnos, l’une des divinités du panthéon celte, tient un serpent, il est le maître de la création, de la fertilité et de l’équilibre cosmique. C’est le Créateur Cosmique gardien de l’au-delà.

Le serpent : un animal Totem de l'Astrologie Chinoise

Le Totem est un animal ou un végétal considéré comme l’ancêtre et / ou le protecteur d’une collectivité ou d’un individu.

L’animal totem est étroitement lié à l’astrologie chinoise. Le serpent et le dragon sont frère, parlent du travail avec les herbes, la sagacité et la perspicacité.

Le Totem Serpent évoque, pour une personne, l’impermanence des choses en elle et autour d’elle. Les gens la (la personne-serpent) ressentent dynamique, impulsive, d’une présence agréable et protectrice. Elle est attirée par les connaissances occultes (sorcellerie ou chamanisme), elle peut être une excellente guérisseuse grâce à ses capacités naturelles d’équilibrer les énergies.

Il est conseillé, avec le serpent comme totem, de rester prés de la terre, de jardiner, de vivre au contact de la nature, de rester connecter à la terre. Ce sera l’endroit idéal pour entrer en contact avec le « moi supérieur », vivre des méditations créatives afin de stimuler ses aptitudes naturelles. 

La personne-serpent peut retenir l’attention d’un groupe avec un charisme inné et son magnétisme. Le serpent accorde la flexibilité, l’adaptabilité qui permet de se sortir de nombreuses situations.

La personne de type serpent a beaucoup de charme, des facilités dans la communication, elle est souple et rusée, présente une grande empathie pour les autres, un grand désir de réussite. Elle peut se montrer jalouse, méfiante et dominatrice.

Le type serpent réussit dans les situations où la personne doit faire preuve d’un esprit vif et acéré.

Le serpent : le glyphe de la médecine

Dans de nombreux pays, en Europe notamment, l’emblème de la Médecine est représenté par une une couleuvre d’esculape enchevêtrée atour du bâton d’Asclépios ou le « Caducée médical ».

Fils d’Apollon, Asclépios est le dieu de la médecine dans la mythologie Grecque. Aujourd’hui son nom est mentionné dans le serment d’Hippocrate, que tous les médecins occidentaux doivent prononcer avant d’exercer.

Le bâton d’Asclépios est différent de la Coupe d’Hygie ou « Caducée Pharmaceutique », symbole de la pharmacie. La Coupe d’Hygie prend la forme d’un verre de vin avec un serpent enroulé autour. Ce dernier représente le patient qui fait le choix de s’en remettre à la médecine pour se soigner.

Ces deux artefacts ne doivent pas être confondus avec le Caducée du dieu Grec Hermès. Il s’agît d’un bâton autour duquel deux couleuvres sont entrelacées. Le Caducée d’Hermès symbolise le commerce et l’éloquence (Hermès étant le dieu du commerce), ainsi que la médecine en Amérique. Il évoque aussi l’éveil spirituel.

En médecine psychiatrique, le serpent est le symbole phallique représentant le sexe masculin, il incarne le désir et la pulsion sexuelle selon Sigmund Freud. Il sera révélateur des peurs et angoisses vis-à-vis de la sexualité, il peut mettre en évidence les refoulements sexuels.

Pour son élève dissident, C.G.Jung, la signification du serpent est plus subtile et se focalise plutôt sur la libido (énergie vitale psychique dont la sexualité est une des multiples expressions) et sur les oppositions comme l’ombre et la lumière ; le bien et le mal ; le féminin et le masculin.

Jung a beaucoup travailler sur la signification des rêves. Pour lui, le serpent dans les rêves, traite, au travers de notre subconscient, des problèmes de lutte interne qui doivent être mis en lumière. Rêver de serpent, révèle ce que l’on est et notre ambivalence, le serpent est une énergie vitale qui propose ses deux côtés ; bénéfique ou maléfique, c’est un animal qui annonce la guérison et l’éveil spirituel.

D’une façon générale, le rêve de serpent signale un grand changement : c’est le moment de « muer », de se débarrasser des habitudes ; il invite à s’améliorer et lâcher l’ancien pour vivre quelque chose de bien plus grand et meilleur pour soi. C’est un présage de bouleversement mais nécessaire pour l’évolution de l’être spirituel qui sommeille et « se love » en chacun comme un serpent endormi.

Le serpent dans la Bible

On compte 80 occurrences du mot serpent dans la Bible. 

Il est présent dans deux des récits les plus connus :

  • Dans la cour du Pharaon, Dieu transforme le bâton de Moïse en serpent pour montrer sa puissance, Moïse avec son bâton guérit les plaies des hébreux notamment les morsures de serpent.
  • Nahash, le serpent du jardin d’Eden, par le ruse, amène Ève à manger le fruit de l’arbre de la connaissance, excluant Adam et Ève du Paradis, Dieu les envoie sur terre pour les punir.

De ce dernier épisode, on a tendance à associer le serpent à Satan, alors que le diable n’est pas identifié comme un serpent. Le serpent, ici, fait juste preuve de ruse qui apporte la tentation. Son rôle est d’être un enseignant et d’introduire dans l’esprit de l’homme la notion de libre-arbitre, lui apprendre le bien et le mal, via le célèbre péché originel.

Bien que les serpents ne soient pas des créatures malfaisantes dans les Écritures, ils sont victimes toujours d’une connotation de ruse et d’un caractère satanique.

N’oublions pas que le serpent reste associé à la faute originelle et à la punition, il a profondément marqué la culture judo-chrétienne sur un axe de crainte.

Le serpent dans les autres traditions

En Egypte

Le serpent est adoré comme une déesse bienveillante, protectrice de la Basse-Egypte et du Delta du Nil. Elle est personnifiée par Uraeus, objet sacré en forme de cobra, symbole de la divinité égyptienne Wadjet.

Le serpent amérindien

Tour à tour, selon les tribus, il prend diverses significations :

  • Fertilité par sa forme phallique tribu des Pueblos. 
  • Renaissance : tribu Ojibwa. 
  • Figure du serpent ailé pour la tribu Hopi : protectrice de la santé et du bien-être, c’est aussi un faiseur de pluie. 
  • Serpent à plume dans la tradition aztèque : dieu de l’étoile du soir qui donne livres, maïs, et calendrier à l’humanité. 
  • Le venin étant assimilé à un remède pour les amérindiens de Californie, le serpent est considéré comme un guérisseur.

D’autres tribus l’associent à la foudre ou à un énorme monstre qui avale les gens.

Le serpent porte en lui l’image complexe et puissante d’un symbole duel vie ou mort, il revendique le pouvoir de l’équilibre entre ses deux extrêmes.

NAMASTE

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Nous sommes Léva & Justine

La karnatologie, c’est une histoire d’alliance : entre 3 outils, mais aussi entre 2 femmes. Mère, Léva – facilitatrice et développeuse de conscience – et fille, Justine – conteuse et poétesse –, nous avons entrelacé notre relation à des connaissances holistiques que nous avons étudiées et qui nous ont toutes deux guidées à un moment donné de notre chemin.